Friday, December 30, 2005

L'atelier de serigraphie


Darshani faisait de la sérigraphie avant le tsunami, elle n’a plus touché une raclette depuis. Elle a suivi une formation durant six mois. Nous avons fait ensemble les premiers tests, avec un écran confectionné à Colombo. Darshani a imprimé le logo Ayubowan Café avec de l’encre blanche, sur une chute de tissu. Elle semble intéressée pour reprendre cette activité, en lui donnant quelques idées de motifs, elle peut très bien confectionner des objets pour la future boutique. Avec l’argent gagné, elle pourra réinvestir dans du matériel, imprimer ses propres dessins et démarrer ainsi son activité. La sérigraphie se prête bien aux motifs élaborés et fins, alors que l’impression au tampon donnera sur certains supports des effets irréguliers très intéressants. Darshani ne parle pas Anglais du tout, Buddhika traduit et lui donne un coup de main pour imprimer. Premiers tee-shirts Ayubowan Women’s project ! Nous venons d’apprendre que des cours de sérigraphie sont donnés au temple de Weheragalla, par un professeur SriLankais, ainsi qu’une formation sur la création d’entreprise, et le don de matériel aux meilleures élèves, ce qui permettra à celles-ci de démarrer leur activité.
Je travaille sur la création de motifs alliant contemporain et traditionnel, pour aider les femmes à trouver de nouvelles idées, et ainsi mieux vendre leurs produits à la clientèle touristique.

Balade


J’ai voulu aller jardiner chez Simon, les moustiques étaient trop gourmands, je suis donc partie en balade, malgré l’heure tardive.
Mes meilleurs moments sont lors de ces escapades en vélo dans la jungle. Trophées de chasse à images pour cette fois : un arbre gigantesque recouvert de lianes tombant au sol telles des draperies, un rapace quittant la rizière pour se percher sur un poteau, un serpent dans le bec, un brusque mouvement de branches sur ma tête, laissant deviner une famille de singes, le bruit régulier du marteau sur l’enclume, au loin, le regard adorable d’un fillette en culotte dans l’ouverture d’un portail, l’excitation mêlée de crainte sur ce petit sentier qui mène je ne sais où, le jour qui baisse, et puis tous ces « hello, how are you ? » « hi, where are you going ? », jetés par les hommes de tous ages, la course de vélos avec ce jeune garçon tout fier : « I’m the first ! » « I’m the first !». Les gamins crient « Hello » de leur voix pointue et ne cessent tant que l’on n’a pas répondu ou fait un signe de la main, même s’ils sont à l’autre bout de la rizière, ils voient, ils guettent, chacun sait que vous êtes passée, une femme sur un vélo, et en pantalon ….je ris toute seule d’être la risée de ces gens-là, peu m’importe ce qu’ils racontent en Cyngalais, c’est bon de les voir si gais.
Evidemment je n’ai pas plus le sens de l’orientation dans la jungle que dans les forêts de Lozère, je suis partie à l’opposé, et le temps de retrouver la route, il faisait nuit noire. Retour dans une circulation de folie bus, camions, piétons, vélos, chiens, conduite au klaxon, sans phare, à me demander le sourire aux lèvres si j’allais finir l’année, et ma vie, sur le bas coté de cette route cabossée.

Le précieux baton


Et la fierté de cette femme devant son ouvrage.....un pur moment d'humanité!

La fabrique de batiks


Visite improvisée à l’usine de batiks de Weligama, en pleine campagne.
Une salle de vente, et l’autorisation de visiter les ateliers, de prendre des photos. Des femmes tenant à la main un ustensile proche d’une pipette à huile, empli de cire liquide. Avec une dextérité due à la répétition jour après jour des mêmes gestes, elles tracent sur le coton tendu dans de grands cadres horizontaux, les motifs qui ne recevront pas de couleur.
Des jeunes femmes, presque adolescentes, emplissent de cire les dessins tracés au crayon, à l’aide d’un pinceau usé. Odeur de cire chaude dégageant une vapeur que l’on soupçonne toxique. Peu de lumière, un néon dans le fond, plafond bas, promiscuité, elles sont parquées comme des bêtes entre les murs couleur de cire, les pieds nus dans les débris de matière refroidie et la crasse.
L’atelier de teinture ressemble à un lieu de sorcellerie. Là, des femmes de tous ages, des tongues aux pieds pour les préserver un peu, pataugent dans l’eau coloree, plongent le tissu dans de grands bacs de béton, dans des baignoires recyclées aux couleurs douteuses, les sortent et les replongent pour les rincer du trop plein de teinture.
Les visages s’illuminent de fierté à l’idée d’être sur la photo, elles réclament, posent, pouffent de rire, m’appellent et se tiennent fières, le bâton à la main, toute activité cessante pour rire encore de l’attraction que je provoque. Bien sur elles veulent voir les photos, me demandent de prendre l’adresse au bureau, et d’où je viens et comment je m’appelle. Puis sur ma demande, tour à tour elles se présentent, là Indrani, puis Rénuka, Indrani encore, les autres noms, je les ai oubliés pardonnez moi mesdames.
Sur un grand feu, des marmites de sorcières dans lesquelles mijotent les teintures et la toile, c’est le poste de quelques hommes, rares dans ce lieu sombre tout en contre jour, je n’ai pas de flash et crains de décevoir les femmes si les photos sont ratées.
Pour ne pas faire de jalouses, je ferai un tableau de leurs portraits, qui restera dans la fabrique, je retournerai là-bas prendre encore quelques clichés, et chercher la réponse à une question technique sur les marbrures du batik. Malgré la barrière de la langue, à travers les regards et les sourires, il y eut un moment de magie entre ces femmes et moi, la sorcellerie a opéré, je suis envoutée, j’aimerais passer plus de temps parmi elles - ce doit être un caprice de touriste, sachant que je n’y passerai pas ma vie - elles ont beaucoup à m’apprendre sur le courage.

Thursday, December 29, 2005

Sur un bon vieux disque


Sur un bon vieux disque de Dolly Parton, la suite de mon voyage…en musique, elle me manquait au milieu du vacarme de la rue, ou celui des singes sur le toit. Envie de vous parler des Sri Lankais. Hommes et femmes ne se côtoient pas trop en public. Un groupe de femmes discute sur le bord de la route, des hommes parlent fort devant une échoppe, réparent le tracteur, ils ne se mélangent pas . La mère amène son enfant malade chez le médecin, le mari attend dehors, il ne lui demandera pas ce qu’il a quand elle sort du cabinet. Le garçon accompagne sa mère au travail toute la journée, il la regarde coudre, joue un peu, reste assis à ne rien faire sans sembler s’ennuyer, mais n’échangera pas une parole avec sa mère. Les femmes ne se promènent pas dans la rue sans leurs accessoires indispensables : parapluie, mouchoir en éponge pour s’essuyer le visage et pochette plastique en guise de sac à main, si possible marquée du dernier parfum Français, très chic ! Par contre elles ne sortent plus après le coucher du soleil, ou sur invitation par une autre femme. Les voir en pantalon est très rare, jupe longue plutot moulante, chemisier assorti ou alors pas du tout, l’ensemble en polyester, idéal par les températures locales !!! Cheveux longs, noirs, huilés, serrés dans une queue de cheval, un chignon ou une tresse. Les écolières se font deux nattes, terminées par deux noeuds noirs, costume blanc – jupe plissée et chemise, rehaussée d’une cravate noire - chaussettes et chaussures blanches, costume obligatoire, les garçons en blanc aussi- pantalon, chemise – cheveux courts. Les filles d’un coté, les garçons d’un autre, ils s’adressent rarement la parole.
Marcher semble être une hérésie pour les gens du village. Ils prennent le bus pour aller à la poste située à 500 mètres. Jamais vu une seule fille ou femme à vélo, ou alors sur le cadre en amazone, se faisant conduire par le mari, le frère, le grand père. Je suis la seule femme circulant ici à vélo, et Solène la seule à conduire un tuk-tuk, à part d’autres Européennes de passage, inutile de vous dire que nous sommes l'attraction, les rires fusent souvent suite a mon passage en bicyclette.
Les pêcheurs portent le sarong, sorte de jupe longue le plus souvent , qu’ils replient à la taille et coincent dans la ceinture sur le ventre. Ils le remontent à la taille pour le raccourcir si besoin. Une chemise au dessus ou torse nu. La majorité des hommes est plutôt mince, à l’opposé des femmes qui sont souvent rondes, avec un bon petit ventre, et ce depuis l’adolescence. Le manque d’exercice physique et la consommation de sucre toute la journée, dans le thé, les glaces, les biscuits, doivent largement contribuer à cet état.

Monday, December 19, 2005

Dimanche à l'orphelinat


Ma deuxième visite aux enfants de Matara. Comme à chaque fois, ils sont toujours ravis de nous voir, bien que j'aie senti sur leurs visages une petite déception de ne pas retrouver Solène ce jour là. J'avais préparé pour eux des pochoirs, et la magie opérait dès qu'ils le retiraient du support et découvraient .....une girafe....un singe....une poule....chaque surprise était ponctuée de ce sourire qui vous embaume le coeur à chaque regard et qui fait que l'on aime être ici et que l'on reçoit tellement.

Saturday, December 17, 2005

Funérailles du grand père de Manju


Manju, chauffeur de tuk tuk, est devenu un ami de Simon. Son grand père vient de mourir, c est avec lui qu'il a grandi. On veille le mort durant trois jours, il est embaumé et repose sur un grand lit blanc (couleur du deuil), tout les amis et famille viennent le voir, puis s assoient, boivent un verre, jouent aux cartes, mangent (devinez quoi ...le rice and curru quotidien very spicy).
Manju ne peut traditionnellement pas dormir durant 7 jours, au bout de trois, il commencait à ne plus tenir debout. Le grand lit est refermé, se transformant en cercueil, et enterré dans un caveau, dans le jardin. Il n y a pas de cimetieres dans les villages, la famille reste proche, même dans l'au-dela. Les moines étaient attendus le jour de l'enterrement, ils sont arrivés en enfilade, adultes et adolescents, se sont assis sur les chaises en plastique recouvertes pour eux de soie blanche, ont pris la part de betel qui leur était offerte, ont récité quelques mantras, et sont repartis, visages tristes et antipathiques comparé aux sourires magnifiques des autres gens, et ce malgre la circonstance.


Simon, qui a rejoint le projet de Solène et dont vous trouverez toute la démarche sur le site et le blog :
www.ayubowamwp.org
http://ayubowanwp.blogspot.com
Mon action va consister entre autres à créer des modèles de produits, que les femmes qui veulent travailler vont pouvoir réaliser, chez elles ou à l 'atelier. Si nécessaire une petite formation leur sera donnée, et les produits seront vendus dans la boutique de Simon; Le bénéfice sera réinvesti pour trouver du travail pour d'autres femmes, qui apprendront ainsi à gèrer et trouver une certaine autonomie, ce qui est plutot rare pour elles dans ce pays.

Les amis


Je vous présente Solène, une amie que j'ai connue lors d'un stage de fresque à Okhra dans le Luberon. Depuis nous sommes restées en contact, sommes devenues amies, suivant chacune un parcours un peu similaire, et nous voici à nouveau réunies au Sri Lanka pour ce beau voyage. Je lui doit beaucoup d'être ici, sans son projet, je serais peut-etre en Inde aujourd hui, dans des conditions plus difficiles, sans réelle démarche dans un pays inconnu. A coté d'elle sur la photo, Campbell, un copain Américain qui bosse sur un projet d'adoption par des familles Européennes.

Arrivee du sac

Finalement, pas de quoi s inquiéter, maybe today, maybe tomorrow, tout finit par s'arranger, deux gars de l'aéroport ont rapporté le fameux sac perdu depuis Colombo, en van, environ 150 km et 4h30 pour les parcourir à vos risques et périls. Merci messieurs !

voyage en train




Destination Mirissa
Solene m'attendait à l'aéroport, direction la gare de Colombo, en tuk tuk avec son ami Ronie, chauffeur attitré dans la ville. J'aime voyager en train dans ce pays, il est très bruyant mais il y règne une belle ambiance, vendeurs ambulants de boulettes de céréales pimentées, bonbons colorés en tablettes, fruits.... Quel bonheur de faire ce voyage en compagnie de Solène, assises toutes les deux dans l'embrasure de la porte, les pieds sur le marchepied, cheveux au vent, dans une crasse noire tellement dérisoire.
Images imprimées dans ma mémoire : douche dans le jardin d'un homme replet avec un seau d'eau, jeune fille se faisant épouiller sur le bord de la voie, enfants jouant, maisons détruites, travaux de reconstruction, restes de coques de bateaux, "catamarans" sur la plage, couleurs, cocotiers..... j'en oublie ! et le soir, vue sur l 'ntérieur des maisons, grande pièce vide, une bougie au centre quand il n'y a pas le courant ou qu'il est coupé.....

L'arrivee

En sortant de l'avion, je me suis souvenue des paroles de ma mere" tu verras, c'est comme si tu rentres dans un four", mais la temperature etait tout a fait supportable, l'acclimatation immediate. Premier contact avec les autorites de l aeroport: mon sac a dos n'est pas sur le tapis, ils m'appellent des qu'il arrive, tout cela dans le plus grand calme, moi qui voulait voyager leger, je suis ravie !!!