Friday, February 17, 2006

Les pepettes


Il n’y a pas de secrets ni de recette magique, bien que nous soyons tous volontairement bénévoles dans ce projet, nous avons besoin de faire entrer de l’argent dans la caisse pour qu’il puisse perdurer, pour l’achat de matière première, pour les salaires des femmes, pour les investissements de l’Ayubowan café. Nous sommes en pleine période de vacances, les touristes occupent les plages et les guest houses, comment leur faire savoir que nous existons ? Les idées ont germé : se déguiser en hommes et femmes sandwich, les épaules chargées de sacs colorés, et sillonner la plage en fondant sous le soleil……installer une table de fortune sur la plage sous un parasol, est ce vraiment autorisé……emprunter le vélo et le micro du vendeur de tickets de tombola et sillonner les rues de Mirissa en hurlant pour couvrir le bruit des klaxons……éditer des tracts, annonçant deux soirées portes ouvertes à l’atelier et les distribuer aux touristes, c’est l’option que nous avons choisie le week end dernier, l’idée était porteuse, elle nous a permis de tester les nouveaux produits ( les sacs ne sont plus à tester, ils sont approuvés !) et de passer en boucle le film de Michele. Nous renouvelons donc l’expérience ce week end, les bonnes idées se gardent ! Pourtant ces ventes et celles sur le site web ne suffisent pas pour couvrir tous les frais, et Solène se démène, envoie des mails à travers le monde, des colis aux journalistes, rencontre des responsables d’ONG, pour faire connaître nos actions et l’évolution du projet. Personne ici, ni les femmes du camp, ni la centaine d’autres auxquelles on commence à donner du travail, ni les bénévoles, personne n’a envie que toute cette énergie et cet engagement que Solène et Simon ont investi pour le meilleur, s’envole en fumée, alors ON CONTINUE !!!

Le pélerinage à Kataragama




Il fait encore sombre à 4h15. La faible ampoule à l’entrée du camp suffit pour me laisser entrevoir en contre jour l’ombre du parapluie et sentir le frôlement de la robe du moine qui me croise sur le chemin de sable. Incongru ? Je comprendrai plus tard que c’est le fils d’Indrani, une des couturières, qui se joint à nous. Les trois bus sont là, femmes, enfants, sacs et coussins, nous prenons la route pour Kataragama, haut lieu de pèlerinage Bouddhiste. Inutile de chercher les repose-pieds ou la manette d’inclinaison des sièges, il va falloir terminer la nuit assis à angle droit sur du plastique et à l’étroit. Somnoler ? Quelle drôle d’idée ! Simultanément, démarrage du moteur et du lecteur de cassette, musique locale à fond, haut parleur au dessus de la tête, à peine quelques kilomètres et nous sommes debout dans l’allée, chacun tape dans ses mains, on rit, on s’accroche dans les virages, c’est la fête, qui oserait dormir avec une ambiance si gaie. Dangers de la route ? Mal des transports ? Qui a dit ça, moi ? Oui, mais pas au Sri Lanka…..Lumière du petit jour sur la ville encore calme, un boutiquier balaie devant sa porte, deux vaches se baladent, quelques cyclistes, nous faisons le plein de croissants au beurre, aux amandes, pains au choc…non ?vous n’avez pas ? bon, ben, donnez moi ces trucs sucrés un peu secs, alors….Divers sachets circuleront dans le bus tout au long du voyage, bonbons, beignets, cacahuètes, cashew….. Premier rayon de soleil, les visages s’illuminent.
Avec nous voyagent des musiciens, ils frappent les tambours, les cymbales, rythment le défilement des paysages. Ils se sont installés au fond de notre bus lors du dernier arrêt, partageant ainsi leur art pour le plaisir de chacune (nous sommes une majorité de femmes, ce voyage est organisé pour les femmes, le féminin l’emportera pour cette fois, même si quelques hommes nous accompagnent).
Virée improvisée en barque vers l’île aux oiseaux avec quelques gamins, notre moinillon est aux anges….
Kataragama. De grands arbres bordent une rivière couleur verdâtre, haut lieu des ablutions, savonnages, shampouinas et rinçages au seau d’eau. Si l’on reste un peu statique, on sent sur les mollets des petits picotements, les poissons participent à la fête.
Purifiées, nous pouvons aller rendre hommage à Bouddha. Nous passons par la case fruits, acheter une corbeille colorée, offrande incontournable. Peu de blancs viennent ici, nous sommes baignés de rituels, danses, file d’attente bras chargés, encens à s’en écœurer, familles de singes gourmands, collections de tongs toutes pointures, images de divinités colorées hyper kitch, chaleur écrasante, plantes de pieds brûlantes, billets glissés dans les fruits, fruits rendus, purifiés - sans les billets – et toujours la compagnie colorée de notre petit moine protecteur.

Thursday, February 09, 2006

Une graine de photographe ?


En tout cas il a l'oeil, et du goût pour les prises de vue. Je vous présente l'autoportrait de l'artiste de l'orphelinat auquel je prête volontiers mon appareil a chacun de mes passages là-bas, le dimanche. Non seulement je peux jouer avec les enfants au lieu de les prendre en photo, mais en plus j'ai le plaisir, la surprise, le bonheur de découvrir les photos qu'il a prises au moment ou je les copie dans l'ordinateur au retour. Je suis désolée, je suis incapable de me souvenir de son prénom, je vous promet que la prochaine fois je lui demande. Il est vraiment passionné par la prise de vues, je l'imagine bien apprendre ce métier quand il aura l'âge, le problème : y a t-il des formations en photographie au Sri Lanka, c'est peut-être quelque chose à créer..... Dimanche dernier je lui ai fait comprendre (par gestes il ne parle pas l'anglais) les inconvénients du contre jour dans certains cas, la prochaine visite je lui montrerai comment éviter les flous non voulus, je suis sure qu'il va progresser, il est très intelligent (et très sérieux sur la photo, il a aussi un magnifique sourire.....)


Il a réalisé toute une série de portraits de ses copains, je vous laisse deviner où ils se trouvent, c'est un autre genre de devinette. En tout cas ces photos me plaisent beaucoup, elles sont pour moi porteuses d'espoir, tant pour ce qu'elles représentent réellement que pour ce qu'elles laissent entrevoir, j'espère que les talents de ces jeunes trouveront leur place et seront reconnus, qu'ils pourront exprimer tout ce qu'ils ont envie et qu'ils n'ont pas souvent la liberté de faire à l'orphelinat.

Monday, February 06, 2006

Balade dans le centre de l'ile


Deux petites images de mon périple dans les montagnes, de la pluie, du ciel gris, donc....de la verdure, des fleurs et plein d’oiseaux. De la fraicheur aussi, les lits étaient pourvus de convertures, remplacant les moustiquaires devenues inutiles. Vous pouvez voir le tapis vert des plantations de thé se déroulant au passage du bus, ils ne sortent le rouge que pour les grandes occasions. Pourtant c’était une Journée nationale samedi 4 février, jour de l’indépendance du Sri Lanka en 1948, après la colonisation des Anglais. Pas de chance pour les visiteurs comme moi, personne ne travaillait dans les plantations, et les usines de traitement étaient fermées, je n’ai donc fait que passer, les paysages n'en restaient pas moins superbes.