Saturday, January 21, 2006

Le camp de Weligama


Dimanche 15 janvier
Après deux visites à l’orphelinat et une au camp de Welicade, j’ai proposé que l’on rende visite aux enfants du camp de Weligama qui n’avaient vu personne de l’association depuis un mois. Une courte description : un grand champ glabre, détrempé par la pluie de la semaine. Le long de ce champ une longue bande parallélépipédique de contre-plaqué, tôle et plastiques plus ou moins bien tendus : c’est là que vivent les familles rescapés du tsunami, en attendant la construction des nouvelles maisons. Des enfants jouent au cricket au bout du champ. Dans la salle commune, des fillettes chantent et dansent devant un jeune public assis sur des nattes. Une jeune femme sur une chaise, très sérieuse, les écoute à tour de rôle, elle doit être leur professeur, ce petit monde révise pour un examen la semaine prochaine, m’explique Gaïan, notre chauffeur de tuk tuk.
Nous venons avec l’idée de leur faire réaliser une petite maison à faire en pliage, qu’ils peuvent ensuite décorer puis rassembler en village.
Le projet les a tout de suite intéressés, ils ont bien observé la suite des pliages et collages et la découpe des portes et fenêtres, mais quand il a fallu passer à la réalisation, les enfants préféraient nous demander de travailler plutôt que d’essayer eux-mêmes de réaliser un objet finalement assez simple. J’ai l’impression que le manque de curiosité et d’esprit d’entreprise commence dès le plus jeune âge. L’Anglais et les Canadiens qui m’accompagnaient avaient acheté une quarantaine de jouets et des bonbons. Il était convenu que tous les enfants ayant participé à l’activité « maison » recevraient un jouet ensuite. Au moment de la distribution, l’ambiance a un peu dégénéré, chacun tendant la main pour réclamer parfois plusieurs cadeaux. Symboliquement c’était très fort, le fait de construire chacun sa maison, pour ensuite l’oublier voire l’écraser par terre pour partir avec le plus de jouets possible dans les mains. Entre-temps des enfants et des mères sont venus nous demander nos adresses, naïvement j’ai pensé recevoir des dessins, des cartes postales, à mon retour en France. C’est ensuite que j’ai compris. Une mère est venue me dire , papiers en main, qu’elle avait un problème de santé, une autre que ses fils étaient morts pendant le tsunami, une autre que son mari est décédé parce que malade. Une attitude de demandeur, à laquelle on essaie de répondre par un apprentissage de l’action, de l’esprit d’entreprise et de la volonté de s’en sortir. D’après ce que j’ai pu entendre, les victimes du tsunami ont été déjà bien aidées, et vivent dans des conditions moins précaires que beaucoup de familles dans la jungle, le problème c’est qu’elles ont pris goût à ces aides et ont tendance à se reposer dessus. De ces moments vécus avec les enfants, je garde le meilleur, les sourires, les petites mains qui dessinent et s'appliquent à colorier les fleurs, ou le grillage? comme cette petite sauvageonne qui n'osait pas nous rejoindre et que je suis allée chercher à l'entrée, et qui ne m'a plus quittée de l'après-midi.

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